L’enseignement campanaire à Ath depuis le 16e siècle

Au 16e siècle, le jeu du carillon était déjà parfaitement organisé. Un musicien était chargé de batteler et sonner les cloches, de conduire l’horloge du beffroi et celle du château.

Le batteleur ou carillonneur devait être, selon le Concile de Trente, de bonnes moeurs. Il lui était interdit de faire entendre des chansons immorales ou des airs impudiques !

Enseigner le carillon au 16e siècle

Une autre condition était parfois imposée au batteleur, – celle d’initier à l’art campanaire quelque enfant de l’Hospice des Orphelins désigné par le Magistrat. Cette mesure était sage et prudente. Elle servait, en cas de vacance, d’empêchement ou de maladie du titulaire, d’avoir constamment sous la main un élève capable de le remplacer.

Un premier clavier d’étude pour le carillon au 16e siècle

Les échevins poussèrent, plus loin encore, leur attachement au carillon. En effet, ils firent installer au même Hospice un clavier d’étude pour former de futurs batteleurs. Il était composé de 17 clochettes de tailles différentes.

Avec l’autorisation du corps échevinal, ce clavier fut transporté le 5 avril 1598 au domicile de Nicolas Viseur, le nouveau batteleur de Saint-Julien. Venant de Condé, il occupa ce poste jusqu’en 1638 et fut remplacé par Guillaume Dusart de Saint-Ghislain.

Cette mesure devait lui permettre d’apprendre à jouer les hymnes et les chants de l’église afin de remplir convenablement ses fonctions en toutes circonstances solennelles.

Un deuxième clavier d’étude au 18e siècle

Edmond vander Straeten décrit le clavier d’étude athois du 18e siècle dans son livre "La Musique aux Pays-Bas avant le 19e siècle", conservé à la Bibliothèque royale de Belgique (II 64.665 A Magasin – Section Musique) :

 

« Les carillons d’exercice qui s’employaient au domicile des virtuoses du bruyant instrument, étaient généralement muets. Il en existe un à Ath, qui forme une sorte de stafspel mécanisé. Le clavier, manuel et à pédales, est exactement le même que celui des carillons du 17e siècle et remonte à cette époque. Trente-six lames métalliques remplacent le même nombre de cloches, et sont mises en vibration par des tiges en fer, adaptées au bout des touches, et garnies à leur extrémité d’une petite boule du même métal. C’est le principe du clavicorde. Les lames produisent un son clair et brillant comme l’harmonica de verre, et ont pour isoloirs des morceaux de liège, posés sous leurs deux extrémités ».

 

« Ce curieux et rare instrument, que nous a exhibé avec une complaisance parfaite Mr Emmanuel Fourdin, archiviste-bibliothécaire à Ath, était placé jadis aux Orphelins, où se recrutaient et s’instruisaient les joueurs de carillon. Avant son transfert au cabinet archéologique de l’hôtel de ville [d’Ath], où nous l’avons vu en 1879, il se trouvait chez Mr [Quintin] Hoyost, [le dernier carillonneur en fonction lors de la destruction du carillon par la foudre en 1817]. Quelques réparations intelligentes sont nécessaires, non seulement pour faire fonctionner l’instrument, mais pour le sauver d’une imminente destruction ».

 

Actuellement, ce clavier d’étude athois datant du 18e siècle est conservé dans la réserve du Musée des Instruments de Musique de Bruxelles.

 

Il est répertorié dans le "Catalogue descriptif et analytique du Musée instrumental du Conservatoire royal de musique de Bruxelles", 2e volume, n° 577-1321, sous le n° 889. 

 

 

L’auteur du "Catalogue descriptif et analytique du Musée instrumental du Conservatoire royal de musique de Bruxelles" n’est autre que Victor-Charles Mahillon, le conservateur du Musée.

 

Son ouvrage, édité en 1893 par A. Hoste, a été réimprimé en 1978 par Les Amis de la musique et numérisé en août 2013 par la University of Minnesota.

 

Le clavier d’étude du 18e siècle a été confié à la fin du 19e siècle par Léon Jouret, Athois, professeur de chant au Conservatoire de Bruxelles. L’instrument y est décrit en ces termes :

 

 

« 889 – Don de M. Jouret (...) au nom de l’administration communale d’Ath. La caisse qui renferme le mécanisme du clavier manuel repose sur quatre pieds ; le percuteur au lieu d’être en bois, comme au numéro précédent (note 1), est en fer. Les touches des pédales sont simplement accouplées, au moyen de petites cordes, aux touches correspondantes du clavier manuel. L’étendue des deux claviers (note 2) est la même que celle du carillon d’étude d’[Oudenaarde], mais il ne devient chromatique qu’à partir de la quatrième touche, le fa. L’effet pour l’oreille est à la dixième mineure aiguë de la note écrite. L’instrument est par conséquent exactement accordé à la quinte juste grave du spécimen précédent. Hauteur totale 1,25 m, largeur totale 1,31 m, profondeur 0,425 m. La plus grande lame d’acier mesure 0,420 m de longueur et la plus petite 0,26 m. Etendue : trois octaves et deux notes [aux] mains. Pédalier : L’étendue n’est que d’une dixième chromatique de do à mi [à l’octave supérieure]».

 

C’est un clavier de trois octaves et deux notes, comme on le voit sur la photo prise de face, à gauche ci-dessous. Il comprend 37 touches correspondant aux 37 cloches du grand carillon de la Tour de l’église Saint-Julien, tel qu’il existait autrefois.

 

 

Note 1 : C’est-à-dire au n° 888 contenant la description du clavier d’étude d’Oudenaarde exposé au Musée.

 

Note 2 : Deux claviers, c’est-à-dire les touches d’une part, les pédales d’autre part.